Apprendre les sons de sa langue
Investigateurs: Anne Christophe, Alex Cristia, Sharon Peperkamp
Comment reconnaissons nous les mots ? Quand on y pense ce n'est pas une question triviale, il y a une grande variabilité sonore selon que le mot aura été prononcé par un homme ou une femme, avec un accent ou sans accent, avec une émotion particulière...etc. Pourtant lorsque nous entendons un mot comme "chapeau" prononcé par une nouvelle personne dans un contexte particulier, nous arrivons tout de même à retrouver le sens de "chapeau" malgré toute cette variabilité acoustique. Pour cela, nous devons faire attention aux variabilités qui sont importantes pour différencier les mots (par ex: différencier "chapeau" de "château"), mais ignorer celles qui ne le sont pas ("rose" prononcé avec un "o" comme dans "bol" ou un "o" comme dans "faune").
Dans nos études, nous nous intéressons à la façon dont les jeunes enfants traitent les sons de leur langue maternelle et apprennent à les catégoriser pour pouvoir à la fois reconnaître les mots et les différencier.
Apprendre les mots de sa langue
Investigateurs: Anne Christophe, Alex Cristia
Lorsque les enfants apprennent leur langue maternelle, ils doivent acquérir, entre autres choses, les mots de cette langue. Ils doivent élaborer un dictionnaire mental, le lexique, dans lequel sont stockées les formes sonores des mots (par exemple "chien") associées à leur(s) signification(s) (animal à quatre pattes). La construction de ce lexique met en jeu des étapes complexes : d’abord, l’enfant doit réussir à extraire les unités lexicales du flux continu de parole ; ensuite, il doit réussir à associer un sens à chaque forme sonore identifiée.
Dans ces études, nous nous concentrons sur ces deux étapes et nous intéressons aux indices qui pourraient aider les enfants à les résoudre.
Pour la segmentation du flux de la parole en mots, nous étudions en particulier les informations qui sont disponibles directement dans le signal de la parole comme la prosodie, c'est à dire le rythme de la langue et son intonation, ou la fréquence d'apparition d'une syllabe avec une autre. Il a en effet été montré que les enfants sont capables de faire des calculs statistiques sur les phrases qu’ils entendent et inférer que deux
syllabes qui apparaissent fréquemment ensemble ont de fortes chances de former un mot.
Après avoir découpé les phrases en mots, il reste à comprendre le sens des mots. Ce n’est pas une tâche aussi facile qu'il n'y parait. On pourrait penser qu’il suffit à l’enfant d’associer ce qu’il entend à ce qu’il voit, on montre un lapin du doigt en disant "lapin". Mais en fait, il est très dificile de savoir à quoi réfère précisément un mot donné. Le "lapin" dont l’enfant entend parler désigne-t-il l’animal qu’on lui montre, ses oreilles, sa couleur, ou le fait qu’il était en train de manger quand le mot "lapin" a été prononcé ? Précisément nous nous intéressons ici aux indices que l'enfant peut utiliser pour restreindre le nombre des sens possibles pour un même mot.
Prise de conscience
Investigateur(s): Sid Kouider
Nous savons que même s'ils ne le communiquent pas encore, les bébés à la fin de leur première année de vie comprennent déjà beaucoup de choses sur le monde physique et social qui les entoure. Dans le cadre de ce projet, nous nous intéressons à la question de savoir s'ils ont également des connaissances sur leurs propres processus cognitifs, c’est-à-dire s’ils sont capables de métacognition (ou cognition à propos de la cognition).
En particulier, Louise Goupil et Sid Kouider essayent de savoir si les bébés entre 1 et 2 ans ont un sentiment de confiance accompagnant leur perception, leurs décisions et leurs actions. Pour cela ils utilisent des paradigmes comportementaux sous forme de jeux, ou encore présentent des images au bébé sur un écran d’ordinateur en enregistrant le mouvement de ses yeux. Certaines de leurs expériences utilisent également l’électroencéphalographie, qui leur permet de recueillir des données sur l’activité cérébrale évoquée dans le cerveau du bébé pendant l’expérience.